Albert Félix Prouvost, né le 25 septembre 1855, Roubaix , décédé le 4 avril 1916, Roubaix à l'âge de 60 ans.
Marié le 26 mai 1879, Bondues Nord,
avec Marthe Devemy, née le 2 février 1860, Roubaix décédée le 4 juillet 1937, Bondues (à l'âge de 77 ans),
50, boulevard de Paris à Roubaix
Cette demeure, celle d'Albert-Félix Prouvost, est au 50, boulevard de Paris; nous pouvons entrevoir la maison suivante dans le prolongement, au 48, habitée par les Edmond Prouvost; le 44 était la demeure des Charles Droulers-Prouvost.
Documents Philippe Cavril
Cette demeure, celle d'Albert-Félix Prouvost, est au 50, boulevard de Paris; nous pouvons entrevoir la maison suivante dans le prolongement, au 48, habitée par les Edmond Prouvost; le 44 était la demeure des Charles Droulers-Prouvost.
Au premier plan, le 40 boulevard de Paris; suivis du 42, du 44 des Droulers-Prouvost.
« En 1888, mes parents entreprirent la construction, sur le
plan d'un architecte ami d'enfance de mon père, Achille Liagre, d'une grande
maison à l'angle du Boulevard de Paris et de la rue Charles-Quint orientée au
Midi et dont toutes les pièces étaient très agréables à habiter. Les enfants
furent particulièrement bien installés : un vaste rez-de-chaussée de plain-pied
avec le jardin leur était réservé. Les salons et la salle à manger étaient au
premier étage, les chambres au second.
En 1889, ce fut l'inauguration de la nouvelle demeure dans
laquelle parents et enfants allaient vivre 25 années d'un grand bonheur.
Nos parents menaient une existence mouvementée de jeune ménage:
nombreux voyages a Paris, mondanités très astreignantes : tous les soirs un
diner, à l'exception du vendredi, jour
d'abstinence et du dimanche consacré traditionnellement à la famille. Un
dimanche sur deux était réservé au Vert-Bois, l'autre au déjeuner et au diner
de la famille Prouvost chez la bonne-maman, rue Pellart.
Vous pouvez vous en rendre compte en feuilletant l'album de
famille, ma mère était une jeune femme d'une resplendissante beauté, mon père
avait très grande allure; tous deux attiraient l'admiration et l'amitié par
leur bienveillance et leurs gouts raffinés. Les réceptions, 50 Boulevard de
Paris étaient brillantes, la table réputée.
Mes parents consacraient dans leurs voyages à Paris une large
place au théâtre et spécialement à la Comédie Française. L'un et l'autre très
lettrés, ils étaient spécialement assidus aux représentations des classiques.
Connaissant à fond le répertoire, ils n'allaient pas au Français entendre le
Cid Phèdre ou Bérénice, mais applaudir
les acteurs qui en étaient les grands interprètes. A cette époque Rachel avait
termine sa triomphale carrière, mais Sarah Bernhardt, Bartet, Mounet-Sully, les
Coquelin étaient au zénith de leur gloire éphémère. Le théâtre du boulevard
avait aussi de très belles troupes : les noms les plus appréciés étaient ceux
de Réjane et Jeanne Granier, Brasseur, Baron, Guy, Lavallière aux Variétés.
Le 50, Boulevard de Paris comportait au dernier étage un immense grenier inutilisé. Dans leur passion du Théâtre, mes parents eurent l'idée d'y construire une petite scène et d'y jouer la comédie entre amateurs. Naquit donc vers 1892 ce qu'on nomma par la suite « le Théâtre Albert ».
Pour l'inauguration du grenier-théâtre, des acteurs de Paris
furent engagés, notamment Prince qui devait acquérir une grande notoriété de
fantaisiste, les sœurs Mante, danseuses étoiles de l'Opéra. Les décors étaient
charmants, la soirée fut sensationnelle.
A partir de cette date, chaque année mes parents s'ingéniaient à
découvrir une bonne pièce nouvelle en un acte et s'attaquaient en trois actes
aux pièces à succès du moment, le théâtre de Scribe, Augier ou Labiche. Les
amateurs de notre région y furent étonnants de brio. Parmi eux, outre mes
parents qui jouaient chaque année, les plus fêtés furent la belle Madame Félix
Ternynck et son mari, Albert Masurel, René Wibaux. Mes parents prirent
tellement au sérieux leur rôle d'acteurs improvises qu'ils demandèrent des
conseils a deux célèbres Sociétaires de la Comédie Française, Le Bargy et Georges Berr, afin de perfectionner
leur technique forcement sommaire.
Plus tard, entre 1900 et 1910, de nouveaux jeunes premiers accédèrent
aux planches du théâtre Albert.
Trois de mes cousins germains y furent particulièrement appréciés
: Amédée Prouvost, Léon Wibaux et Charles Droulers. Ils y jouèrent la comédie,
puis en association écrivirent chaque année une petite revue, dans laquelle ils
montraient autant de verve que d'esprit: Ces revues étaient le clou de la soirée
« théâtre Albert» du 1" janvier. L'un après l'autre tous les cousins et
toutes les cousines de tous âges (y compris mon frère, mes sœurs, ma femme et moi-même)
ont tenu un rôle dans ces revues ou joue la comédie. Aucun de nous n'a perdu le
souvenir des joyeuses répétitions et des émotions - quelquefois du trac - de la
générale et de la grande première. Ces soirées de l’An nouveau réunissaient
dans la joie parents et enfants.
Comme celle de tous les jeunes ménages de tous les temps, -notre
existence de 1906 à 1914 fut intensément active : diners, soirées dansantes,
voyages fréquents à Paris, puis en aout longues vacances. Rita animait par son
entrain toutes ces réceptions et une semaine sur deux, nous passions un large
weekend dans la capitale. L'élégance de la tenue était à cette époque le souci
majeur des Messieurs comme des Dames. Pour vous donner une précision, il était
de règle, a partir de onze heures du matin, de porter sur les Boulevards le
chapeau haut de forme et des gants, au moins tenus a la main. Les snobs y
ajoutaient un monocle et une canne. Les grands rendez-vous de la société «
chic» étaient en fin de matinée l'Avenue du Bois et surtout la partie de
l'Avenue de Longchamp dénommée « Avenue des Acacias » ou par antiphrase « les
sentiers de la vertu ». Que de cavaliers et d’amazones! Le soir dans les
restaurants ou les salles de spectacle, l'habit et le chapeau claque étaient de
rigueur; dans les petits théâtres le smoking était toléré. Les dames étaient en
robes largement décolletées: leurs chapeaux de dimensions extravagantes étaient
couverts des plumes des oiseaux les plus rares, notamment des aigrettes.
L'hiver c'était un déploiement de fourrures, d'étoles de zibeline, d'hermine ou
de chinchilla.
Comme mes parents j'aimais le théâtre: Rita aussi: nous allions
souvent voir les auteurs contemporains et redécouvrir les classiques. A chaque
week-end parisien nous assistions a trois ou quatre représentations.
Entre 1906 et 1914, nous n'avons jamais manque la pièce annuelle
d'Henry Bataille, Maurice Donnay, Porto-Riche, Henry Bernstein, Alfred Capus,
Flers et Caillavet, Sacha Guitry, les grands chefs de file, qui ont connu des succès
considérables et dont aucune production ne laissait un spectateur indifférent.
Le public était alors plus restreint, mais plus cultive que celui de nos jours.
Ses réactions étaient vives, passant d'un enthousiasme sans retenue a une sévérité
extrême devant un texte ou une interprétation de valeur discutable. Dans les premières
représentations, d'une pièce à succès, les entractes - actuellement moroses - étaient
brillants : on y retrouvait de nombreux amis et des personnalités marquantes de
la politique, du turf, du monde ... ou du demi-monde.
Un auteur dramatique affaibli par la maladie, qui ne produisait
presque plus, était auréolé d'une gloire sans seconde : Edmond Rostand. Le
triomphe en 1897 de « Cyrano de Bergerac " demeure l'un des grands
souvenirs de ma jeunesse. Un acteur de génie, Coquelin, créa le rôle. A la
veille de la première, l’auteur et ses interprètes se demandaient comment le
public accueillerait ces cinq actes en vers évoquant le XVIIe siècle. Ce fut du
délire. Notre pays portait encore moralement le poids de l'humiliation de 1870:
ce coup de cymbales, le panache du héros et aussi le cote sentimental cher au Français,
provoquèrent un choc de fierté nationale. Dans la même veine, en 1900, Edmond
Rostand nous donna « l'Aiglon », avec la grande Sarah-Bernhardt, dans le rôle
du Duc de Reichstadt.
En 1910 fut créé « Chantecler ». Edmond Rostand avait confie à
Coquelin le rôle du coq. Celui-ci mourut subitement et « Chantecler » fut joué
par Lucien Guitry. La pièce, riche en vers magnifiques, fut discutée sur le
plan scénique. Ce demi -échec fut très sensible à l'auteur. On organisa alors,
en son honneur, sous le couvert d'une fête de charité, une matinée au théâtre
Sarah Bernhardt ou des extraits de son œuvre théâtrale devaient être interprétés
par les meilleurs artistes de Paris. Rila et moi, étions au grand rendez-vous
de ses admirateurs. En apothéose finale, on obtint qu'Edmond Rostand monte sur
le plateau et dise plusieurs poèmes dont l'hymne au soleil de « Chantecler
». Avant qu'il put commencer, la salle debout l'acclama pendant plus de dix
minutes. Cet hommage d'une sincérité bouleversante est demeure l'une de nos
grandes émotions de théâtre. »
« Souvenirs de famille » Par Albert-Eugène Prouvost, 1960
En 1902, Albert Prouvost-Devémy se rendit acquéreur d’une automobile Mors qu’il conduisait lui-même pendant que certains de ses pairs se faisaient conduire par un chauffeur.
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L'Exposition
Internationale de Roubaix du 30 avril au 6 novembre 1911.
L'Exposition
Internationale du Nord de la France s'est déroulée à Roubaix du 30 avril au 6
novembre 1911. Pendant six mois, dans le Parc de Barbieux, Roubaix vivra au rythme de son exposition visitée par
deux millions de personnes. L'historien Philippe Waret raconte.
Eugène Motte et
François Roussel.
Eugène Mathon,
Florent Carissimo et Albert Prouvost.
Edouard Roussel,
Félix Chatteleyn et Gilbert Sayet.
Chaque été,
vacances dans les villes d’eau : Evian, Royat, Luchon et surtout
Vichy. ; à Evian, ils connurent intimement la Comtesse Greffulhe
et les Brancovan
dont la jeune princesse alait plus tard s’immortaliser sous le nom d’Anna de
Noailles.
Là, promenades à
cheval ou à bicyclette le matin,courses de chevaux ou concours hippiques
l’après-midi ; un abonnement au théâtre et aux grands concerts nous permettaient d’occuper
les soirées avec tout l’éclat souhaité. Après la saison d’eau, avant le retour
à Bondues, nous faisions le voyage de l’année ( en France et en Europe) :
Au Vert-Bois, deux grandes parties de chasse en septembre, deux en battues –plaies et bois- faisans et lièvres et lapins en novembre.
Principaux
invités : nos voisins d’Hespel, de la Serre, de Pas, des Rotours,
Boselli-Scrive, Henry Bossut, Jules Masurel, Gustave et Georges Watine, René
Wibaux.
La saison de
chasse terminée, « mes deux grands parents se concentraient à nouveau sur
leur bibliothèque, revenaient à leurs chers livres. »
Vers 1890, fut engagé au Vert-Bois un jeune valet de chambre, agé de 16 ans,Clovis Hennebel. Il devait y demeurer presque jusqu’à sa mort pendant sixante années, montrant en toute occasion, à mes grands parents puis à mes parents et à moi-même un indicible dévouement. Ce fut mon premier grand ami.
« Notre père (Albert-Félix
Prouvost) avait insisté vivement auprès de notre mère
pour la décider à quitter Roubaix. Par sa position au Peignage, son titre de
président du tribunal de Commerce, il jugeait que son devoir impérieux était de
rester à son poste » Albert-Eugène Prouvost
Il avait été emprisonné comme notable puis
relaché en sa qualité de Consul d’Espagne, il avait défendu pied à pied nos usines contre
les réquisitions de l’ ennemi. Il était
un des dirigeants du Comité général d’aide sous toutes ses formes à la
population ouvrière très éprouvée ; il décéda des suites d’une opération bénigne
après avoir écrit des lettres empreintes
des mêmes sentiments de foi en Dieu et dans une France renouvellée par l’ épreuve.
Dans les trois derniers mois, il marque
sur ses carnets ceux chez qui il fut
invité : les Emile Masurel, Edmond
Masurel, Madame Auguste Vanoutryve, Amédée Prouvost, Henri Mulliez, Ernest et
François Roussel, René et Joseph Wibaux, Eugène Mathon ; le 31 mars :
« dîner chez les Edmond Masurel ». Le 5 avril, il succomba à son embolie.
Nous avons annoncé la mort de Mme Albert Prouvost-Devemy, décédée à Bondues (château du Vert-Bois) le 14 juillet 1937, à l'âge de soixante-dix- sept ans. Rappelons que ses funérailles auront lieu aujourd'hui samedi 17 juillet, à onze heures quinze, en l'église de Bondues.
dont :
* Albert Prouvost, né
le 10 août 1882, Bondues, décédé le 20 juillet 1962, Parisà l'âge de 79 ans,
industriel, président du Syndicat des peigneurs, collectionneur de tableaux
impressionnistes. Marié le 19
février 1906, Roubaix (59, Nord), avec Marguerite Vanoutryve, née le 26 février
1887, Roubaix .
* Jean Prouvost, né le 24 avril 1885, Roubaix, décédé le 17 octobre 1978, Yvoy-le-Marron(à l'âge de 93 ans), industriel textile, propriétaire et directeur de journaux, homme politique. Marié le 16 septembre 1905, Roubaix, avec Germaine Lefebvre, née le 5 novembre 1886, Roubaix, décédée le 5 septembre 1973, Roubaix (à l'âge de 86 ans). Marié avec Elisabeth Clerc, journaliste.
* Marguerite Prouvost, née le 31 août 1887, Roubaix, décédée le 13 avril 1968, La Saussaye (27, Eure) (à l'âge de 80 ans) mariée le 5 mai 1908, Mouvaux (59), avec Edmond Eugène Masurel, né le 3 novembre 1883, Mouvaux , décédé, industriel textile.
Photo: collection Hubert Masurel par Ferdinand Masurel
Suzanne Prouvost, née le 15 décembre 1892, décédée mariée avec René Toussin, né le 23 juillet 1882, Loos-les-Lille (59), décédé.
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